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Laisse pleurer ton bébé

Laisse pleurer ton bébé…

Un conseil qui revient très souvent, que l’on peut s’entendre prodiguer n’importe quand, et surtout par n’importe qui ; comme bon nombre de mauvais conseils, d’ailleurs.
« Laisse pleurer ton bébé, parce que ça lui développe les poumons/parce que sinon tu deviendras son esclave/parce qu’il a besoin d’apprendre la frustration/parce que t’as pas que ça à faire de devoir l’endormir toi à chaque fois ! ».
Recommandation d’autant plus insidieuse que si elle est adressée à une maman en plein burn-out ou en proie à de sévères remises en questions, elle trouve alors un terrain propice et vulnérable ou germer à mauvais escient.

Parce qu’effectivement laisser son bébé pleurer, surtout lorsqu’il pleure très souvent, ça peut paraître plus facile. Parce que parfois, cette dépendance immense de notre enfant vis-à-vis de nous peut nous donner le tournis, nous affoler. Parce que c’est toujours plus rassurant de se donner l’impression de tout maîtriser et de l’avoir choisi.
En effet, on peut laisser son enfant pleurer 5 minutes, puis 10 le lendemain, et 15 ensuite, jusqu’à ce qu’un jour fatalement il se taise et nous laisse en paix. On aura gagné. Mais y a-t-il réellement une bataille en jeu entre notre enfant et nous ?

L’enfant qui cesse de pleurer n’a pas compris qu’il était « bon pour lui » d’apprendre à s’endormir seul. Il n’a pas compris qu’il n’était pas raisonnable de nous rappeler une sixième fois dans la nuit. Il n’a pas fait le lien entre notre occupation à nous et sa solitude à lui. Il s’est simplement résigné.
Est-ce la première leçon de vie que l’on souhaite offrir à son enfant ?
Non content de le laisser affronter seul son sentiment de solitude et d’abandon, nous lui expliquons ainsi dès le berceau que la solution aux problèmes est de se résigner. Que rien ne sert d’appeler, de compter sur les gens autour de nous, que le mieux est de la fermer et d’attendre que ça passe.
Ou que ça ne passe pas, d’ailleurs. Car le seul moyen qu’a notre bébé de communiquer avec nous dans un premier temps, ce sont ces pleurs. Et même si on estime à un moment précis que là, on a déjà tout fait pour lui, il est nourri, lavé, changé et berçé et qu’il exagère de continuer à chouiner alors que tout va bien, comment peut-on si arbitrairement affirmer une chose pareille ? En présence d’un petit être humain incapable de parler, est-on réellement capable de dire en son nom qu’il n’a aucune douleur, aucune tristesse, aucun besoin dont il souhaite nous faire part ? Etre à l’écoute de son bébé, ne pas ignorer ces pleurs mais au contraire l’accompagner dans ses sentiments et perceptions tout en tentant de le comprendre permet non seulement de le sécuriser, mais aussi de pallier à des problèmes de santé plus grave dont les premiers symptômes peuvent être des pleurs d’inconfort ou de douleur.

Et lorsqu’aucune douleur ou inconfort n’est en cause, notre enfant a aussi le droit de simplement vouloir être contre nous. En tant que mammifère, le petit humain a un réel besoin de contact physique avec sa maman. Rappelons-nous qu’un enfant de quelques semaines ou mois n’est psychologiquement pas capable de caprice, ou d’une quelconque manipulation. Il n’exprime donc que de réels besoins, dont celui d’être porté et serré contre nous.
On pourrait répondre que justement, il serait profitable à ce petit être d’apprendre que tous ses besoins et désirs ne peuvent pas toujours être assouvis, d’autant plus s’ils sont dépendant d’autrui.
Sauf que dans le cas d’un bébé, l’intégralité de ses besoins sont dépendants d’une autre personne, généralement cette même personne qui a accepté en le mettant au monde de s’occuper des dits besoins. Quant à la frustration, rassurons-nous, ils l’apprendront bien assez tôt par la force des choses, sans que nous ayons besoin de ce prétexte pour nous dédouaner avant l’heure de nos devoirs de parents.

Laisse ton bébé pleurer… et tu pourras te faire les ongles, regarder la télé et manger tes M&Ms tranquille !

by Need For Dreams